Interview de Christophe Collignon: "Le logement, priorité du futur gouvernement..."

De nombreuses choses ont été faites sous cette législature, estime Christophe Collignon, mais il faut poursuivre.  "Il y a urgence." Le ministre wallon nous expose quelques idées à mettre en œuvre.

  Un article de Benoît Jacquemart, dans La Meuse (Sudinfo) du mardi 2 avril 2024  

Face à une crise du logement qui touche toute l’Europe, il faut des solutions innovantes, estime Christophe Collignon, ministre wallon PS du Logement. Des solutions qui doivent mobiliser des moyens ou des politiques d’un peu partout.

"On constate une hausse des loyers, une difficulté d’obtenir des prêts bancaires", dit M. Collignon. "C’est difficile même pour un travailleur qui gagne 2.500 euros net.» Alors que, "d’un point de vue économique, c’est aussi un secteur hyperporteur."

Plus vite, moins cher

Sans refaire tout le bilan de la législature, le ministre pointe des solutions innovantes qui ont été mises en place et ont permis d’agrandir le parc de logements wallons.

"Oui, on peut pointer le plan d’achat de projets immobiliers du privé, en route ou sur plans. Ça concerne environ 1.000 logements en Wallonie. Avec un triple avantage: ça va deux fois plus vite, ça coûte 20 % moins cher et on a aidé tout un secteur." Celui de la construction, en l’occurrence. Pourquoi ça va au moins deux fois plus vite? Parce que, en général, pour un projet public, il faut sept ans entre la décision et l’aboutissement du projet. Ici, on parle de trois ans. Ces années gagnées permettent aussi d’épargner sur la hausse des prix des matériaux, d’où l’économie de 20 %.

Le ministre croit aussi à un autre système pour accéder à la propriété: la location-achat. Il s’agit de donner d’abord accès à un logement public (mais pas dans les règles du logement social) pour pouvoir ensuite acheter ou aller dans le logement privé. Autre avantage, selon M. Collignon: ce système permet une plus grande mixité sociale.

Autre idée, sur le modèle de ce qui se passe en France: "Reconstruire la ville sur la ville." Il s’agit en fait de "remplir les dents creuses dans les villes. On travaille sur des superficies plus petites et on rehausse le bâti." Avec des matériaux plus souples et plus écologiques. Attention, il n’est pas question de construire des HLM, mais bien de "reconfigurer la ville".

"On n’a jamais créé autant de logements que sous cette législature ", se réjouit Christophe Collignon, "mais ça doit rester une priorité pour le prochain gouvernement."

Aide à la rénovation

Autre problème rencontré par de nombreux Wallons: la transition énergétique avec des coûts de l’énergie qui ont flambé. "Ceux qui ont les moyens peuvent isoler leur maison et avoir des maisons semi-passives", dit le ministre. Mais tout le monde ne peut pas le faire et les systèmes de primes sont souvent compliqués. "L’État (au sens large) doit pouvoir prendre le relais."

Comment? En finançant les travaux d’isolation et de rénovation et en se remboursant ensuite avec les loyers. "C’est aussi une formule pour les gens qui n’ont pas accès aux prêts à taux zéro. Il faut juste trouver une formule juridique. L’idée est aussi de faire de cette difficulté une opportunité économique."

"Nous avons démontré qu’en osant, on peut aller plus vite avec des coûts moindres", se réjouit Christophe Collignon. Mais il est vrai que le logement sera un des grands enjeux de la prochaine législature.

 


Logement social: diminuer le nombre de logements vides

La Wallonie dispose, selon les chiffres du ministre, de 103.000 logements sociaux. La Flandre en a, elle, 145.000. Et Bruxelles, 41.000.

La Flandre, proportionnellement à sa population, ne propose donc pas plus de logements sociaux que la Wallonie. Parce qu’il n’y en a pas besoin? Eh bien, pas du tout, si l’on en croit les chiffres fournis par M. Collignon: alors que le nombre de ménages en attente d’un logement social est de 43.000 en Wallonie, il est de 176.000 en Flandre (50.000 à Bruxelles).

C’est énorme et ça montre que la Flandre est elle aussi durement touchée par cette crise du logement.

Mais le nombre de logements sociaux vides en Wallonie reste important. Les causes sont connues: des logements se vident parce que des locataires sont relogés. Il faut le temps que de nouveaux locataires entrent dans le bien. Il peut y avoir des dégâts à réparer ou des rénovations plus lourdes à effectuer. Et il n’y a pas assez de programmes de revitalisation.

La Région wallonne va donc lancer un monitoring pour avoir une vue complète et en temps réel du taux d’inoccupation de chaque société de logement. Des actions rapides sont aussi envisagées. "Je veux donner les moyens, comme lors des inondations (de l’été 2021, NdlR), pour revalider des biens, sans devoir faire des rénovations lourdes", dit M. Collignon.

Quant à la répartition des logements sociaux en Wallonie, on les trouve principalement dans les anciens bassins industriels: Hainaut et Liège. Le Hainaut compte 47 %, Liège 34 % des logements sociaux de Wallonie. Namur en compte 8 %, le Brabant wallon 7 % et le Luxembourg 4 %.

Benoît Jacquemart

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