Un grand plan pour aider les jeunes Wallons à devenir propriétaires

Un grand plan pour aider les jeunes Wallons à devenir propriétaires
Interview de Benoît Jacquemart, lundi 5 février 2024 (Sudinfo) – Le ministre wallon du Logement nous explique comment la Région peut aider les jeunes à accéder plus vite à la propriété. Cela passe notamment par la fiscalité.

Plus que jamais, le logement doit être une des priorités de la prochaine législature, nous dit Christophe Collignon, le ministre wallon PS du Logement. Même si pas mal de choses ont déjà été faites, il n’en reste pas moins que de nombreux jeunes et que des personnes de la classe moyenne éprouvent bien du mal à acquérir une maison.

Moyenne d’âge élevée

"Aujourd’hui", constate Christophe Collignon, "la moyenne d’âge des nouveaux propriétaires est de 38 ans. Comment faire pour aider les gens à acquérir leur logement? On a fait les prêts sociaux, on a mis 50 millions pour les communes, afin qu’elles achètent des terrains pour que les jeunes puissent construire et donc rester dans leur région, plutôt que de devoir partir. Nous avons dit à ces communes qu’elles pouvaient faire des opérations avec des promoteurs, sur ces terrains." Avec un résultat quelque peu mitigé.

"Un autre constat, c’est qu’aujourd’hui, les droits d’enregistrement sont à 12,5 %, sauf si on bénéficie d’un prêt social et qu’il s’agit d’une maison modeste. On a aussi augmenté l’abattement fiscal, de 20.000 à 40.000 euros."

Mais manifestement, ce n’est pas suffisant et ça ne concerne pas tout le monde.

La Région a aussi mis en place un «chèque habitat», c’est-à-dire une réduction d’impôt sur le crédit hypothécaire. C’est ici qu’il faut jouer, selon M. Collignon. "Lors de la prochaine législature, il faudrait transformer cette aide (entre 300 et 400 millions par an au total) afin de ne plus la donner après coup, via la feuille d’impôt, mais avant." C’est-à-dire via des droits d’enregistrement réduits. La mesure concernerait les jeunes jusqu’à 35 ans, pour une première acquisition, pour des ménages avec un certain niveau de revenus, avec un «bonus» par enfant. Il y aura aussi une limite dans la valeur du logement. Pas question par exemple de bénéficier de ces droits réduits pour une maison à 600.000 euros.

Immense majorité de Wallons

Concrètement, le plafond de revenus serait de 65.000 euros de revenus imposables globalement. La mesure vise, comme pour les prêts sociaux, les jeunes ménages entrant dans la vie active ou encore les ménages monoparentaux. Mais selon M. Collignon, le public visé est très large, la condition de revenus concerne plus de 80 % de la population wallonne.

M. Collignon ne veut pas donner de chiffre sur cette diminution des droits d’enregistrement, qui sont une importante recette fiscale mais, d’un point de vue budgétaire, puisqu’elle remplacerait le chèque habitat, ce serait neutre. C’est important à souligner à l’heure où les finances wallonnes ne sont guère florissantes.

L’idée est bien entendu de booster l’accès à la propriété pour "libérer" des logements aujourd’hui en location. "Le modèle que nous avons connu est en délicatesse", argumente Christophe Collignon. "Il est de plus en plus compliqué de devenir propriétaire. Les coûts de construction ont explosé, les banques ne prêtent plus que 90 % du prix. Il faut déjà mettre 10 % du prix d’achat, plus les droits d’enregistrement. Sans l’aide des parents, c’est souvent impossible. Or, devenir propriétaire est une valeur de notre société."

Prêts sociaux

Aujourd’hui, le prêt social a déjà permis de doper les achats. On peut notamment bénéficier d’un prêt social et acheter dans des zones "à haute pression foncière". Par exemple en Brabant wallon, où il est possible désormais d’obtenir un tel prêt pour des maisons jusqu’à 400.000 euros. "Il y a aujourd’hui 700 millions de garantie de la Région sur des prêts sociaux en Wallonie, ce n’est pas encore assez", conclut Christophe Collignon.

Benoît Jacquemart (Sudinfo)

 

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